dimanche 25 janvier 2009

Ecole primaire : l'évaluation de la discorde

Je vous recopie ci-dessous l'article du Monde (disponible ici sur le site du journal) car je ne suis pas certain qu'il restera définitivement accessible sur le site et que cet article résume assez bien ce qui a été dit par les instituteurs vendredi dernier (le 23 janvier 2009) lors de la soirée des vœux.
A ceci prêt que :
  • Certains instituteurs nous ont dit avoir reçu le 6 janvier l'information comme quoi elles devaient avoir lieu courant de ce mois. Ce qui est vraiment n'importe quoi en terme d'organisation* quand on sait que les enseignants sont libres quant à l'ordre d'enseignement du programme de l'année scolaire.
  • Certains élèves avaient appris par cœur les réponses accessibles depuis Internet avant le début des épreuves et ce afin d'avoir le meilleur résultat possible et espérer ainsi ...rentrer dans les collèges les plus réputés de la ville de Grenoble.
Article du Monde du 19 janvier 2009
"Les enseignants sont à nouveau vent debout contre Xavier Darcos. L'objet de ce nouveau courroux ? Les nouveaux tests d'évaluation nationale pour les élèves de CM2. Le ministère de l'éducation nationale lance en effet, pour la première fois cette semaine, une "évaluation-bilan" pour les élèves de la dernière classe du primaire.
"Ce qui est nouveau, c'est d'évaluer tous les élèves de CM2, au même moment, avec des tests identiques, dont les résultats feront l'objet d'un traitement statistique anonyme", a expliqué le 15 janvier Jean-Louis Nembrini, le directeur général de l'enseignement scolaire.
Ce test évalue dix compétences : "lire", "écrire", "vocabulaire", "grammaire", "orthographe" pour le français ; "nombres", "calculs", "géométrie", "grandeurs et mesures", "organisation et gestion de données" pour les mathématiques. Et chaque compétence est subdivisée en dix items (groupes de tâches et de questions à réaliser).
Trois des quatres organisations les plus représentatives (SNUipp-FSU, SE-UNSA, SGEN-CFDT) appellent les maîtres à "ne pas faire passer les exercices correspondant à des notions non étudiées depuis le début de l'année", à "ne rendre compte que des seuls résultats des évaluations aux élèves et aux parents de la classe concernée" et à "ne pas utiliser le logiciel ministériel de transmission et ne transmettre que les résultats anonymés des exercices effectivement passés".
"L'ÉVALUATION EST FONDÉE SUR LES NOUVEAUX PROGRAMMES DE 2008"
"Si l'on organise une évaluation en janvier, il faut qu'elle porte sur les compétences qui sont supposées avoir été acquises sur la période septembre-janvier, et non sur toute l'année scolaire comme c'est prévu", prévient dans La Lettre de l'éducation du Monde, André Ouzoulias, professeur à l'IUFM de Versailles. De plus, poursuit-il, "l'évaluation est fondée sur les nouveaux programmes du primaire de 2008. Mais elle sera passée par des élèves qui ont suivi toute leur scolarité avec les programmes de 2002, et qui n'auront connu les nouveaux que depuis septembre dernier. Cela pose un grave problème de continuité des apprentissages".
M. Ouzoulias pointe également le problème de la correction : "Le système retenu prévoit un codage binaire : avec certains items, pour obtenir un point, l'élève doit réussir toutes les tâches. S'il échoue ne serait-ce qu'à une seule, il n'obtient aucun point. Cela signifie que ne réussiront ces évaluations que les élèves qui sont au "top niveau" ! Les autres seront considérés en échec. Si l'on voulait gonfler artificiellement le pourcentage d'élèves en échec, on ne s'y prendrait pas autrement".
Selon le blog Quelle école pour demain ?, qui a analysé en profondeur plusieurs items, "ces évaluations semblent conçues pour mettre en difficulté les meilleurs élèves, et refuser toute chance de réussite aux élèves moyens. Elles enfonceront pour de mauvaises raisons les élèves en difficulté." Or, poursuit le blog, "il nous sera difficile d'expliquer aux familles les résultats catastrophiques obtenus, cela dans un contexte de dénigrement constant de l'école. Nous n'avons aucune certitude quant à la confidentialité des résultats. Nous ne pouvons que nous inquiéter d'une possible mise en concurrence des écoles sur de telles bases, qui n'auraient que des effets néfastes : les écoles les mieux cotées seront celles qui sélectionneront le mieux leurs élèves, pas celles qui les feront progresser le plus."
Au ministère de l'éducation nationale, Jean-Louis Nembrini souhaite calmer les esprits. "Nous avons fixé le seuil de référence correspondant à l'acquisition du socle commun à 50 % de réussite, c'est-à-dire la moitié des items". Quant aux résultats, ils ne seront communiqués qu'aux familles, aux enseignants et au directeur d'école. "Les résultats de l'école, globaux et anonymes seront connus de tous les pilotes de la politique éducative : inspecteur de l'éducation nationale, inspecteur d'académie, recteurs, moi-même", précise le directeur général.

Philippe Jacqué

*Pour ce qui est de l'organisation des évaluations, celle-ci n'est pas mal non plus.
Cette vidéo (voir ici) montre en effet une institutrice expliquant que les exercices des évaluations du CE2 de l'année 2006-2007 ont été réutilisés pour la plupart comme exercice d'évaluation du .... CM2 de 2007-2008.
Le contenu de ces évaluations sont disponibles sur le site de l'académie de Versailles ici pour le CE2 et pour le CM2.
J'ai eu confirmation de plusieurs instituteurs qui avaient d'ailleurs alerté l'inspecteur d'académie de Grenoble à l'époque à ce sujet... et qui attendent toujours ses réponses.

Laurent

Aucun commentaire: